Difficile Intégration

La difficile intégration des enfants précoces.

Handicapé ou d’une autre culture, l’enfant “ différent ” modifie la cellule familiale. A La Crèche, les parents d’une adolescente surdouée témoignent.

J ‘aurais préféré avoir une enfant “ normale ”. L’aveu tombe sans pondération. C’est celui de Raphaëlle, mère de trois filles dont une diagnostiquée il y a trois ans, comme étant « précoce intellectuellement ». Avec un quotient intellectuel supérieur à la moyenne, on imagine volontiers Justine en futur petit génie. Pourtant, à 16 ans, l’adolescente cumule quatre renvois d’établissements dont un le lycée spécialisé Saint-Joseph, à Bressuire. Bien loin du cliché du surdoué à qui tout réussit. Après un redoublement et un passage en Maison familiale rurale, Justine a choisi de reprendre aujourd’hui un cursus général, en seconde, à Niort « pour voir où elle en est par rapport aux autres ».

Eviter le gâchis

Sa mère n’a pas approuvé son choix, lasse d’être contactée toutes les semaines par les écoles pour s’entendre dire que sa fille était insupportable. « J’ai même souhaité qu’elle parte à l’armée ! En classe, elle peut avoir un comportement négatif envers elle et ses professeurs. Il est question de conflits, de rébellions et de mauvaises notes. »
Le père de famille a mis du temps à accepter la précocité intellectuelle de sa fille, la voyant plus souvent plongée dans les BD que dans les manuels. « Pour moi, précoce ça signifiait première de la classe tout le temps… Tout le contraire de Justine. C’est rageant de savoir qu’il y a du potentiel qui ne s’exprime pas. Mais comment éviter le gâchis ? ».
Les parents nourrissent de la colère envers le manque de formation des enseignants n’ayant pas décelé l’origine des problèmes rencontrés par leur fille. Un cercle vicieux pour Justine qui n’arrive pas à s’épanouir dans l’enceinte scolaire. Preuve en est : Justine suit parfaitement les exercices de son professeur de mathématiques à domicile mais échoue lors des examens en classe.
Poussés par une psychologue, les parents ont assisté à un colloque à Châteauroux où ils ont fait la rencontre d’autres parents niortais dans le même cas. Ce qui leur a apporté un peu de sérénité dans leur foyer. « Elle reste une enfant surprenante. Elle peut réussir ses examens en révisant une seule nuit. Elle est douée pour travailler dans l’urgence mais elle fonctionne beaucoup à l’affectif », analyse Raphaëlle, avant de rajouter : « la précocité, c’est comme un handicap quand il n’est pas exploité. Mais une fois connu cela peut être un don de la nature. »

La Nouvelle République

 

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